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« J’ai failli mourir #TDFselfie »

19 juillet 2014

Ce Tour de France est celui des innovations. Si les caméras embarquées suscitent l’adhésion de nombre d’internautes, c’est également le cas du fameux « selfie ». Une pratique qui pourrait bien causer quelques soucis. Explications..

 

Rarement l’on n’avait vu autant de monde sur le bord des routes. Ce départ de la péninsule britannique aura été un franc succès. Des milliers de spectateurs anglo-saxons se sont massés au bord des routes pour honorer le passage des coureurs au pas de leur porte. Si la ferveur populaire est positive pour l’évènement sportif, le comportement de certains spectateurs nettement inconscients pourrait bien s’avérer dangereux pour les coureurs, au point de provoquer des incidents. Entre les chiens non-tenus en laisse, les spectateurs qui courent sur la route, et la peur de heurter des enfants, le quotidien des coureurs n’est pas sans stress et inquiétudes.

 

Une autre source de dangers est apparue. Le Selfie a fait irruption dans le peloton et suscite déjà quelques appréhensions. Le Selfie c’est cette mode qui consiste à se prendre en photo, pour certifier de sa présence dans un lieu ou en compagnie exceptionnelle, en l’occurrence ici devant le peloton. Une manipulation dangereuse, puisqu’elle implique de lui tourner le dos. Sur des routes parfois étroites, que souvent empiètent les spectateurs, la tâche est déjà délicate pour des coureurs qui, constamment, ne voient surgir leurs supporters qu’au dernier instant. Parfois, la collision est brutale. Beaucoup en ont déjà fait l’expérience, à l’instar de l’Italien Giuseppe Guerini sur le Tour 1999. La course au meilleur Selfie ajoute au danger permanent déjà existant. Pressés d’obtenir la meilleure image, des spectateurs insouciants n’hésitent pas à se rapprocher du peloton sans même pouvoir le voir.

 

La conduite agace certains coureurs : « Se tenir au milieu de la route en tournant le dos à 200 cyclistes qui viennent vers vous, juste pour prendre un Selfie. #réfléchissez » a notamment twitté l’Américain de la BMC Tejay Van Garderen, qui ne voit en la pratique qu’un « mélange dangereux de vanité et de stupidité ». Dès le lendemain du départ de Leeds, le Guardian avait titré « The new pain in the arse », une expression que l’on doit au Britannique de la formation Sky Geraint Thomas. D’autres n’hésitent pas à montrer leur mécontentement de manière plus virulente. Lors de la deuxième étape, devant les caméras, le lituanien de la Garmin Ramunas Navardauskas avait donné un coup dans l‘Iphone d’un spectateur qui s’était approché pour prendre une photo… visiblement trop près.

 

Comble de l’histoire, cette mode a été encouragée, si elle n’a pas été lancée, par l’organisation du Tour de France. Trois jours avant le départ, le directeur de la course Christian Prudhomme posait lui-même aux côtés du directeur de l’office de tourisme du Yorkshire, invitant les internautes à utiliser le hashtag officiel #TDFselfie. Si l'initiative n'était pavée que de bonnes intentions, il pourrait s'avérer que cette mode perdure ; au détriment des coureurs, mais aussi des spectateurs : « J’ai failli mourir #TDFselfie ».

 

Adrien Ponsard

Wawrinka, ce combat

29 janvier 2014

Oui, la victoire de Stanislas Wawrinka en finale de l’Open d’Australie en ce dimanche 26 janvier 2014 a quelque chose d’héroïque. Certains la réduiront à la méforme de Nadal, émoussé par des ampoules pendant les deux semaines de compétition et par un dos bloqué au troisième jeu de la seconde manche. A ces derniers, je répondrais : certes, Nadal n’était pas dans une forme olympique et a laissé transparaître – comme rarement – une fatigue telle que sa défaite semblait inéluctable.

 

Mais cela n’enlève rien à la beauté du parcours du suisse, qui – à 28 ans – soulève son premier trophée du Grand Chelem, après dix ans passés sur le circuit ATP et une progression constante, dans l’ombre d’une montagne (appelée Federer). Il aura suffi d’un déclic, pour s’émanciper définitivement du roi Roger et le dépasser *. Ce déclic, on l’a pressenti en 2013 (quart de finaliste à Roland, demi finaliste à l’US Open, Stan termine à la 8ème place mondiale). Mais finalement, il n’a eu lieu réellement qu’en 2014, via la victoire arrachée Djokovic (9/7 dans le 5ème). La suite du tournoi n’a semblé être qu’une formalité : une victoire « facile » contre Berdych (quatre sets et trois tie-breaks) en demi et un formidable premier set (le match n’aura pas duré beaucoup plus longtemps, en définitive) – empreint de maitrise et de sérénité – face à Nadal en finale.

            En début de semaine, « L’Equipe » interrogeait en sa version numérique, sur la pérennité de l’installation de Wawrinka dans les hauteurs du classement ATP. En effet, la question est dorénavant la suivante : il ne s’agit plus de savoir si Wawrinka peut renverser les plus grands (il a prouvé en être capable) mais bien : le suisse est-il en mesure de s’intégrer « durablement dans le top 3 du tennis mondial » ? Les lecteurs du site – sceptiques – ne l’en croient visiblement pas capable (seuls 37% ont répondu « oui »*). Mais c’est – selon toute vraisemblance – mal connaître l’homme, qui semble être au sommet de ses capacités mentales, lui permettant enfin de donner la pleine mesure de son jeu (et de son revers à une main, qui sans aucune subjectivité – ou presque – semble s’affirmer comme le plus efficace du circuit et ce, sans comparaison*).

On pourrait croire qu’il en a toujours été ainsi, et qu’il aura fallu attendre un pic mental pour que Stanislas puisse profiter pleinement de sa technique. Que nenni ! Si l’on interroge son entourage proche, Wawrinka n’est pas un prodige. Dans un entretien accordé à la presse, Benoit Paire (24 ans et 24ème à l’ATP), concurrent - et néanmoins ami - du suisse sur le circuit assure que Wawrinka lui même ne se trouvait pas très doué et « a dû beaucoup travailler ». Le natif de Lausanne s’est construit dans l’adversité : courageux, il s’est peu à peu forgé un mental et une technique. Ces derniers n’ont cessé de progresser. En pleine expansion, ils lui permettent de rivaliser avec les meilleurs de sa génération en junior (comprendre Nadal, Gasquet et Murray, « as des petits as ») et surtout, de prendre le relais de Federer, qui – s’il n’est pas encore fini – n’est pas loin de la chute.

 

C’est pourquoi Wawrinka ne doit en rien sa victoire au tressaillement de Nadal. Et c’est surtout pourquoi il n’est pas invraisemblable de penser que le suisse est parti pour s’installer durablement dans la crème de la crème du tennis mondial, trustant les premières places à l’ATP. Une ascension constante et ce jusqu’au premier rang mondial ? Il ne faudra pas oublier de compter sur Nadal et Djokovic revanchards et tout aussi combatifs quand il s’agit de dominer le monde du tennis. Oui, s’il fallait résumer le début de saison : l’exploit « du battant Wawrinka » et l’orgueil des champions (déchus) promettent un grand cru pour cette année 2014.  

 

* Grâce à sa victoire à Melbourne, Wawrinka occupe la 3ème place mondiale, là où Federer échoue au 8ème rang du classement ATP.

* Pour 58% de « non » et 5% d’abstentions.

* Seul Richard Gasquet en 2013, et en huitième à Roland, a tenu la cadence en revers. Il s’inclinera tout de même 8/6 au 5ème set, devant le mental d’acier du suisse et offrant une des plus – si ce n’est la plus – belles rencontres du tournoi.

 

Classement ATP du Lundi 27 janvier au Dimanche 2 février 2014 : 

Matthieu Crépin

Tous à Rio

20 novembre 2013

        Ca y est, ils exultent ! Joueurs et supporters peuvent enfin laisser éclater leur joie ! La France est qualifiée ! Elle sera de la partie à Rio pour le mondial de football 2014 au Brésil !
L’équipe de France rentre en communion avec son public et tout le peuple français fête ce moment, appelé « historique » par certains tant la tâche semblait difficile à accomplir.


        Dans un quartier du sud de Lille la fête est au rendez-vous ! Tous les habitants sont dans la rue, l’euphorie s’exprime à travers le tumulte des chants, des cris de joie, ou encore et surtout des klaxons. Mais en fait ce n’est pas l’équipe de France qu’on acclame et qu’on glorifie ici à Wazemmes (quartier populaire du sud de Lille)… Non ! Mais c’est bel et bien l’équipe d’Algérie qui vient de valider son billet pour le pays de la samba face au Burkina Faso, alors que la France entame à peine son match. On croyait donc voir la France exultée mais ce sont les fennecs, comme on les appelle, qui sont célébrés ici. On croirait que le pays a gagné la coupe du monde !

En résumé, les algériens enflamment Lille…

 

Baptiste Pecot

Comme un air de carnaval

20 novembre 2013

        Il fallait une bonne dose de folie pour imaginer les Bleus prendre le chemin du Brésil ! Une bonne dose de folie pour envisager l’équipe timorée de vendredi l’emporter de 3 buts contre une équipe dont la cage était inviolée depuis 8 matchs, et qui n’en avait pas concédé plus d’un par rencontre depuis 16 matchs. Le meilleur moyen de voir Rio en juin semblait encore bien de se procurer d’ici là l’intégrale des plus beaux tacles de Mavuba. Mais comme disait un certain Lilian Thuram un soir magique de juillet 1998, déjà au Stade de France : « Tout peut arriver dans le football ! Tout peut arriver ! ». Le scénario que nous ont réservé les bleus hier nous rappelle tout ce que le sport peut réserver d’irrationnel. Car il fallait une source de motivation presque transcendante, une pincée de magie et l'expression d’un sentiment de revanche exacerbé par un public en folie, pour maintenir une telle intensité 90 minutes durant jusqu’à l’apothéose finale.

 

        La soirée avait d’entrée un parfum de rêve quand chauffé à blanc par un speaker déchaîné et une entame pied au plancher, le public de Saint-Denis se muait enfin en douzième homme. Cela annonçait une première mi-temps de haute volée de la part de bleus transcendés broyant une défense ukrainienne en apnée. Pogba ne trouvait pas le cadre et Valbuena à la suite d’une bonne combinaison offensive butait sur Pyatov. Mais c’est le rentrant Mamahdou Sakho, sur le banc à Kiev une semaine plus tôt et qui aura apporté son autorité et sa puissance dans les deux surfaces de réparation, qui libérait Saint-Denis sur un ballon mal repoussé par le portier adverse. Karim Benzema ne tardait pas à doubler la mise, en position de hors jeu, alors que sa réalisation valable quelques minutes plus tôt avait été injustement refusée. Un bon dosage entre engagement et équilibre, des combinaisons offensives supersoniques, et une prestation XXL de la pieuvre Matuidi et de Sir Cabaye dans l’entrejeu annihilant toutes contre-attaques adverses : les hommes de Deschamps semblaient trouver la recette de l’exploit. Le sauvetage sur la ligne de Debuchy juste avant le repos sonnait alors comme le signe d’une soirée pas comme les autres ou rien ne pouvait leur arriver.

        Alors que les ukrainiens étaient à la cave, Ribéry la fermait à double tour au retour des vestiaires en y renvoyant Kacheridi, qui craquait face aux provocations balle au pied incessantes de l'ailier munichois. A 2-0 et en supériorité numérique, l’Equipe de France s’armait de patience pour percer à nouveau le verrou adverse. Au prix d’une seconde période moins enlevée mais tout aussi aboutie grâce à une belle maîtrise collective, c’est encore Sakho, après des échecs de Benzema et Debuchy, qui mettait une option sur le Paris-Rio 2014. L’ancien parisien avait en prime la lucidité de ne pas retirer son maillot alors qu’il était sous le coup d’un deuxième avertissement. Nouveau signe qu’une bonne étoile veillait sur le stade de France. Giroud échouait par deux fois à valider le voyage et une main malencontreuse de Valbuena à l’entrée de la surface ravivait le spectre de Kostadinov. C’est finalement Lloris qui compostait le vol en captant une volée puissante de Larmolenko.

        Les grandes équipes se façonnent dans des défaites fondatrices ou à la suite d'un vrai match référence. L’équipe de France a connu les deux en quatre jours. Auréolée de la dynamique de cet exploit, de l’enthousiasme de sa jeunesse triomphante, et de cadres (Ribery, Pogba, Matudi, Lloris, Cabaye) au sommet de leur art en club comme en sélection, cette équipe peut jouer les trouble-fête au Brésil si elle conserve le même état d’esprit et n’oublie pas d’ici là les fondamentaux égarés à Kiev. De nombreuses failles doivent être corrigées : absence d’une régularité dans les performances, manque de concentration et d’engagement physique par instants, recherche du dispositif idéal. Mais pour paraphraser un des concertistes du soir, « la routourne n’a jamais semblé aussi proche de tourner. » Si ce n’est pas pour juin 2014, cette équipe pourra toujours monter dans les tours en 2016. Au regard de la jeunesse de son effectif, elle semble prémunie contre la panne sèche.

 

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Chanzy Sylvain

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